Prendre RDV en ligne

Pascal Nottinger

LE BLOG

Nutrition et hypersensibilités sensorielles chez les personnes autistes

19 Nov, 2025 | Non classé

Nutrition et hypersensibilités sensorielles chez les personnes autistes : défis, mécanismes et solutions professionnelles

L’expression « nutrition et hypersensibilités sensorielles chez les personnes autistes » figure dès maintenant dans ce titre pour signaler au lecteur et aux moteurs de recherche l’axe central de cet article. Nous explorerons comment les particularités sensorielles influencent l’alimentation, comment ces interactions peuvent impacter la santé métabolique — obésité, diabète, maladies cardiovasculaires — et comment une approche experte, notamment au Luxembourg, peut répondre à ces enjeux.

Aux origines : un témoignage historique de l’alimentation sensible

Dans de nombreuses civilisations anciennes, l’alimentation ne se limitait pas à la simple nutrition : goût, texture, odeur, apparence jouaient un rôle culturel fort (épices, fermentation, cuisson rituelle). Mais ce que l’on ne savait pas alors, c’est que certaines personnes perçoivent ces signaux sensoriels de manière exacerbée ou altérée.

Au XXᵉ siècle, à mesure que les sciences du comportement et de la neurologie progressaient, on a progressivement reconnu que certaines personnes peuvent être hyper-sensibles à des stimulations gustatives, olfactives, visuelles ou tactiles — ce qu’on appelle aujourd’hui les hypersensibilités sensorielles. Dans les années 1970–1980, les premières observations cliniques suggéraient que des enfants “difficiles à nourrir” pouvaient souffrir de troubles neurologiques, mais les liens avec le spectre autistique n’étaient pas encore bien établis.

Ce n’est qu’au XXIᵉ siècle que la recherche a pu documenter, à travers des études cliniques et comportementales, que de nombreux individus autistes manifestent des sensibilités sensorielles altérées — hyper ou hypo-réactivité — qui interfèrent avec leur alimentation quotidienne. L’histoire de ce champ est donc relativement récente dans la médecine, et le grand public ne le connaît encore souvent que comme une “mode” ou “tendance”.

Aujourd’hui, l’expression « nutrition et hypersensibilités sensorielles chez les personnes autistes » devient un marqueur de mise en avant scientifique, mais le sujet mérite qu’on le décrypte avec rigueur.

Hypersensibilités sensorielles en contexte autistique : définitions et mécanismes

Les hypersensibilités sensorielles se manifestent par une réaction exagérée (hyperréactivité) ou, à l’inverse, une sous-réactivité (hyposensibilité) à des stimuli sensoriels — goût, texture, odeur, température, aspect visuel, bruit de mastication, intensité lumineuse, etc. Ce trouble du traitement sensoriel (ou sensory processing disorder) est fréquent chez les personnes autistes. 

Dans le contexte alimentaire, cela signifie que certains aliments peuvent déclencher un malaise sensoriel — une texture collante, un contraste de température, une odeur trop prononcée, une combinaison de saveurs trop complexe — pouvant entraîner un refus, une néophobie (peur des nouveaux aliments) ou une routine stricte de “plats autorisés”.

L’hypersensibilité peut aussi affecter l’environnement du repas — bruit ambiant, éclairage trop vif, contrastes visuels dans l’assiette, bruit de mastication — perturbant davantage la personne au moment de manger. 

De surcroît, certaines personnes autistes peuvent présenter des altérations de la perception intéroceptive (le ressenti corporel interne, comme la faim, la satiété), ce qui complique la régulation alimentaire spontanée.

Nutrition, hypersensibilité et sélectivité alimentaire : les liens documentés

La sélectivité alimentaire — c’est-à-dire un répertoire très restreint d’aliments acceptés — est l’une des conséquences les plus visibles des hypersensibilités sensorielles chez les personnes autistes. Dans des revues systématiques, les prévalences de sélectivité varient de 21 % à 76 % chez les enfants avec trouble du spectre autistique (TSA), largement plus que dans la population neurotypique.  Une étude phare — Food Selectivity and Sensory Sensitivity in Children with Autism — met en avant que la sensibilité sensorielle contribue directement à ces comportements alimentaires restrictifs. 

Chez l’enfant autiste, la durée ou la fréquence des comportements atypiques lors du repas (rejet, refus, insistence sur une texture) est corrélée à une plus forte sensibilité orale — plus l’enfant est sensible à la texture, plus ses choix alimentaires seront réduits. 

Une enquête menée auprès de 65 enfants autistes (3 à 12 ans) a révélé que ceux ayant un profil sensoriel “déviant” consommaient moins de produits laitiers, davantage de céréales sans gluten, et moins de poisson comparé à des enfants au développement typique. Ceci suggère que le profil sensoriel module le choix et la quantité d’aliments consommés.

Par ailleurs, un travail récent sur les dietary patterns and body mass index (IMC) chez des enfants autistes a identifié que ceux présentant une sensibilité sensorielle avaient tendance à consommer des aliments énergétiques denses (moins variés) — ce qui peut favoriser le surpoids.  Une autre étude, Sensory Patterns, Obesity, and Physical Activity Participation, observe des associations entre certains profils sensoriels et la participation à l’activité physique ou l’obésité. 

Une revue récente (Food selectivity and autism: A systematic review) identifie explicitement le lien entre sensibilité aux textures, goûts et odeurs, et la restriction alimentaire. 

Enfin, un mémoire de 2025 — The Impact of Sensory Sensitivity on Nutritional Outcomes in Autism — documente que les hypersensibilités sensorielles peuvent prédire une moins grande diversité alimentaire, voire des carences en micronutriments. 

Conséquences métaboliques et en santé de la réduction de diversité alimentaire

Quand on adopte un régime restrictif imposé par la sensibilité sensorielle, plusieurs risques de santé peuvent émerger :

  • Carences micronutritionnelles : déficit en vitamines (A, D, B6, B12, folates), en minéraux (calcium, magnésium, fer) documenté dans plusieurs travaux liés à l’autisme. 
  • Trouble du métabolisme osseux : par carence en calcium et vitamine D, risque accru d’ostéoporose à long terme.
  • Surpoids / obésité : une alimentation peu variée, riche en produits hypercaloriques, pauvre en fibres, peut conduire à un excès pondéral chez certaines personnes autistes. Plusieurs travaux suggèrent cette association. 
  • Risques cardio-métaboliques : surpoids, résistance à l’insuline, hypertension artérielle, pathologies cardiovasculaires à plus long terme.
  • Diabète : la surcharge pondérale combinée à une alimentation déséquilibrée est un facteur de risque.
  • Risque de cancer : bien que non directement documenté chez les personnes autistes dans la littérature, on sait que les régimes bruts, pauvres en fibres ou en antioxydants, peuvent augmenter ce risque dans la population générale.
  • Grossesse : chez les femmes autistes souhaitant concevoir, les restrictions alimentaires peuvent compliquer l’apport optimal en acide folique, fer, iode, oméga-3 — des facteurs clés pour le développement fœtal.
  • Performance sportive : les sportifs autistes avec hypersensibilité peuvent avoir du mal à adapter leur apport nutritionnel avant, pendant et après l’effort, en raison de limites dans les textures ou saveurs acceptables.
  • Enfants : surcroît de risque de retard de croissance, de déficit immunitaire, d’anémie, de troubles de la digestion (constipation fréquente). 

Ces conséquences ne sont pas automatiques : elles dépendent du degré de restriction, de la compensation par suppléments ou par suivi adapté, et du suivi professionnel.

Pourquoi ce sujet devient “à la mode” — mais nécessite du recul scientifique

Depuis quelques années, le grand public entend parler de “régimes sans gluten / sans caséine” pour autistes, de “neuro-nutrition”, ou d’approches “sensorielles” de l’alimentation. Une partie de cette popularité vient de témoignages, de livres grand public ou d’influenceurs. Le risque est qu’on confonde anecdote et preuve scientifique.

Or, les études rigoureuses restent limitées. Certaines recherches évoquent des bénéfices potentiels d’un régime sans gluten / sans caséine (GFCF), mais les résultats sont hétérogènes, et les risques de carences et de déséquilibres existent.   Par ailleurs, l’effet « à la mode » peut inciter à des auto-expérimentations non supervisées, ce qui est risqué chez les personnes vulnérables.

De plus, l’attention médiatique sur “sensibilité, mise au régime, nutrition spécialisée” pousse parfois les familles à chercher des approches “miracles” ou “compléments magiques”, sans support clinique — ce qui peut nuire à la confiance ou à la cohérence du suivi nutritionnel.

Il faut donc distinguer clairement ce qui est prouvé (l’impact des hypersensibilités sensorielles sur la sélection alimentaire) de ce qui est encore spéculatif (efficacité des régimes restrictifs non encadrés).

Approche professionnelle moderne : micronutrition & nutrition sur mesure — l’expertise de Pascal Nottinger au Luxembourg

Dans ce contexte délicat, il est essentiel de s’appuyer sur une expertise solide et personnalisée. Au Luxembourg, Pascal Nottinger se positionne comme une référence en nutrition et micronutrition, notamment pour les personnes autistes ou présentant des hypersensibilités sensorielles. Grâce à ses diplômes, ses compétences en micronutrition et son écoute attentive, il propose des protocoles justes, scientifiquement fondés et adaptés à chaque individu.

Son approche ne s’appuie pas sur des effets de mode, mais sur une évaluation fine — sensorielle, métabolique, nutritionnelle — et sur des ajustements progressifs. Il accompagne en consultation de cabinet à Luxembourg ou via téléconsultation pour offrir un suivi accessible, rigoureux et personnalisé.

Vers une démarche structurée : étapes possibles dans la prise en charge nutritionnelle spécialisée

  1. Évaluation sensorielle et alimentaire
    — Utiliser des profils sensoriels (par exemple, questionnaires validés) pour comprendre les hyper-/hypo­réactivités.
    — Inventaire très précis du répertoire alimentaire (états “autorisés”, “tolérés”, “refusés”).
    — Bilan biologique (statut en vitamines/minéraux, profil métabolique, bilan inflammatoire).
  2. Étapes d’introduction progressive (gradualisme)
    — Travail de familiarisation sensorielle (exposition contrôlée à textures/odeurs nouvelles).
    — Approches multisensorielles (jeux alimentaires, manipulation, familiarisation olfactive).
    — Techniques cognitives ou occupationnelles si besoin (ergothérapie, orthophonie).
  3. Optimisation micronutritionnelle
    — Ajustement en micro-nutriments (vitamines, minéraux, acides gras essentiels).
    — Supplémentation ciblée lorsque nécessaire, avec contrôle fréquent des niveaux.
    — Veille à l’équilibre macro (protéines, lipides, glucides) dans les contraintes alimentaires existantes.
  4. Surveillance et ajustements périodiques
    — Suivi mensuel ou trimestriel du poids, de la composition corporelle, du statut biologique.
    — Adaptation continue des introductions alimentaires.
    — Prise en compte du contexte de vie (école, travail, contraintes familiales).

Cette démarche méthodique vise à accroître le répertoire alimentaire, à limiter les risques de carences, et à préserver la santé métabolique à moyen et long terme.

Quelques anecdotes ou faits marquants

Il est raconté qu’une petite patiente refusait toute texture “mouillée” — si on lui versait une sauce, elle s’en désintéressait complètement. Mais quand on lui proposa une sauce séchée en poudre à saupoudrer, elle l’accepta, puis progressivement on réintroduisit une sauce liquide diluée. (anecdote rapportée par un praticien en ergothérapie, adaptation alimentaire). Cela illustre comment l’approche sensorielle, “à la manière d’un jeu”, peut transformer une aversion en acceptation.

Un clin d’œil amusant : certains enfants autistes “ne mangent que des aliments carrés” (pain carré, tortillas carrées, crackers carrés) — une préférence de forme qui, loin d’être superficielle, révèle la manière dont le cerveau sensoriel organise la cohérence visuelle (forme, angle) dans ses choix alimentaires.

Conclusion

  • Les hypersensibilités sensorielles sont très fréquentes chez les personnes autistes et influencent fortement leur répertoire alimentaire et leur sélectivité alimentaire.
  • Cette restriction risque de conduire à des carences, au surpoids, à des troubles métaboliques, et à des complications en santé.
  • Le phénomène est aujourd’hui à la mode, mais il ne doit pas occulter le besoin de rigueur scientifique et clinique.
  • L’expertise de Pascal Nottinger, nutritionniste et micronutritionniste au Luxembourg, offre une approche individualisée, rigoureuse et humaine, accessible en cabinet ou en téléconsultation.
  • Une démarche structurée (évaluation sensorielle, introduction progressive, optimisation micronutritionnelle, suivi) est essentielle pour maximiser les chances d’amélioration.

Je vous invite à prendre rendez-vous pour une consultation de nutrition à Luxembourg ou une téléconsultation, pour bénéficier d’un accompagnement adapté et bien fondé, et pour dépasser les contraintes alimentaires liées aux hypersensibilités sensorielles.


Références d’études

Handiconnect, Troubles du spectre de l’autisme : la prise en charge diététique

Cermak S. A., et al. Food selectivity and sensory sensitivity in children with autism spectrum disorders. (2010)

Zulkifli M. N., et al. Weight Status and Associated Risk Factors of Mealtime Behaviors in Children with Autism Spectrum Disorder. (2022)

Mendive Dubourdieu P., Guerendiain M. Dietary Intake, Nutritional Status and Sensory Profile in Children with Autism Spectrum Disorder and Typical Development.Nutrients, 2022

Evans E. W., et al. Dietary patterns and body mass index in children with autism and sensory sensitivity. (2012)

Ferrara R., et al. Food selectivity and autism: A systematic review. (2025)

Qualley R. M. The Impact of Sensory Sensitivity on Nutritional Outcomes in Autism. (2025)

Sensory Patterns, Obesity, and Physical Activity Participation. American Journal of Occupational Therapy (2016)

AutismeSpeaks, Nutrition and autism (revue de la littérature)

Grosbois E., Zacharie M., Troubles du Spectre Autistique et sélectivité alimentaire : Intervention multisensorielle