Cholestérol : faut-il vraiment le faire baisser à tout prix ?
Cholestérol : faut-il vraiment le faire baisser à tout prix ? La question revient régulièrement en consultation, et elle n’est pas anodine. En tant que Pascal Nottinger, nutritionniste à Luxembourg, je reçois chaque semaine des patients préoccupés par leurs bilans sanguins. Le cholestérol est souvent perçu comme un ennemi absolu, mais la science nuance ce jugement. Cet article analyse, avec rigueur médicale et données scientifiques, ce que représente réellement ce paramètre, comment l’interpréter, et pourquoi la prise en charge doit être personnalisée.
LDL, HDL, triglycérides : comprendre le vrai risque
Le cholestérol n’est pas une substance toxique par nature. Il s’agit d’une molécule lipidique essentielle, composante des membranes cellulaires, précurseur des hormones stéroïdiennes, de la vitamine D et des acides biliaires. Dans le sang, il circule sous forme de lipoprotéines :
- LDL (Low Density Lipoprotein), souvent qualifié de « mauvais cholestérol », transporte le cholestérol vers les tissus. En excès, certaines particules peuvent pénétrer dans la paroi artérielle et contribuer à l’athérosclérose.
- HDL (High Density Lipoprotein), surnommé « bon cholestérol », ramène l’excédent vers le foie pour élimination.
- Triglycérides : lipides de réserve dont l’excès est lié au surpoids, au diabète, à l’excès d’alcool et à une alimentation déséquilibrée.
Le risque cardiovasculaire ne dépend pas uniquement du taux total de cholestérol, mais de l’équilibre entre ces fractions et de la qualité des particules LDL.
Cholestérol alimentaire vs cholestérol sanguin
Pendant longtemps, on a accusé les œufs, les fruits de mer ou le foie d’élever directement le cholestérol sanguin. Or, les études montrent que l’impact du cholestérol alimentaire sur la cholestérolémie est modeste pour la majorité de la population. Le foie régule en grande partie sa production interne selon les apports.
Cependant, certaines personnes « hyper-répondeurs » voient leur cholestérol sanguin augmenter nettement avec un excès alimentaire. Identifier ce profil en consultation permet d’ajuster les recommandations. C’est là que le rôle d’un nutritionniste à Luxembourg prend toute son importance : analyser le contexte individuel plutôt que de donner un régime universel.
Le mythe du tout statine : place des approches nutritionnelles
Les statines sont efficaces pour réduire le LDL et prévenir les événements cardiovasculaires chez les personnes à haut risque. Mais leur prescription systématique, sans exploration préalable de solutions non médicamenteuses, est contestée dans de nombreux cas.
Une approche nutritionnelle ciblée (réduction des acides gras trans, équilibre oméga-3/oméga-6, augmentation des fibres solubles, gestion du poids, diminution de la consommation de sucres rapides) peut significativement améliorer le profil lipidique. Certaines plantes, comme la levure de riz rouge (à manier avec prudence), le policosanol ou les phytostérols, ont montré un effet modérateur sur le LDL. En micronutrition, l’apport en antioxydants et cofacteurs enzymatiques optimise aussi le métabolisme lipidique.
Marqueurs avancés : LDL oxydé, ApoB, particules LDL petites et denses
Les bilans classiques ne racontent pas toute l’histoire. Deux patients ayant un LDL identique peuvent avoir un risque cardiovasculaire très différent :
- LDL oxydé : plus susceptible d’entrer dans la paroi artérielle et d’y déclencher une inflammation.
- ApoB : reflète le nombre total de particules athérogènes, plus pertinent que le simple taux de LDL.
- LDL petites et denses : plus nocives car elles circulent plus longtemps et pénètrent plus facilement dans les artères.
Dans mon cabinet au Luxembourg, j’utilise ces marqueurs pour affiner la prise en charge, surtout chez les patients ayant un antécédent familial, un diabète ou une obésité abdominale.
Impact sur la santé et lien avec surpoids, obésité, maladies cardiaques, tension artérielle, diabète et cancer
Un excès de LDL oxydé et de particules petites et denses est souvent associé à un syndrome métabolique : surpoids abdominal, résistance à l’insuline, hypertriglycéridémie et baisse du HDL. Ce profil augmente le risque de diabète de type 2, d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires.
Chez les femmes enceintes, une hypercholestérolémie non contrôlée peut majorer le risque de complications vasculaires, bien que le cholestérol soit indispensable au développement fœtal. Chez les sportifs, un LDL élevé peut refléter un régime riche en graisses animales, mais un HDL élevé et une faible inflammation peuvent compenser le risque. Chez les enfants, un excès précoce est souvent lié à des prédispositions génétiques (hypercholestérolémie familiale) et doit être pris en charge rapidement.
Des recherches récentes explorent aussi les liens possibles entre cholestérol élevé et certains cancers, notamment via l’inflammation chronique et les altérations du métabolisme lipidique.
Stratégies personnalisées : alimentation, plantes, micronutrition
La prise en charge optimale repose sur :
- Une alimentation anti-inflammatoire, riche en fibres, fruits, légumes, légumineuses, et graisses de qualité (huile de colza, noix, poisson gras)
- La réduction des sucres simples et des graisses trans industrielles
- L’utilisation raisonnée de compléments (oméga-3, phytostérols, antioxydants) après analyse des besoins
- L’accompagnement par un professionnel formé en micronutrition pour ajuster les apports en vitamines B, magnésium, coenzyme Q10 et acide alpha-lipoïque
En consultation ou en téléconsultation, j’établis un protocole adapté à chaque patient. La question « Cholestérol : faut-il vraiment le faire baisser à tout prix » ne trouve de réponse qu’au cas par cas, en intégrant les bilans biologiques, les antécédents familiaux et le mode de vie.
Références scientifiques
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