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Pascal Nottinger

LE BLOG

Glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence

26 Nov, 2025 | Non classé

Glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence : mécanismes, preuves scientifiques et perspectives

Aux origines : la relation entre intestin et santé dans l’histoire humaine

Depuis l’Antiquité, les médecins de diverses civilisations attribuent une grande importance au « ventre malade ». Hippocrate lui-même disait « toute maladie commence dans l’intestin », suggérant une intuition ancienne d’un lien entre digestion, équilibre interne et santé générale. Au fil du temps, cette vision s’est muée en des théories plus sophistiquées. Au XIXᵉ siècle, l’hypothèse de « toxines intestinales » responsables de maladies systématiques s’est développée dans certaines écoles naturopathiques. Ce concept, longtemps marginal, a été combattu par la médecine conventionnelle. Cependant, ces dernières décennies, grâce aux techniques de biologie moléculaire, à la microbiologie et à la physiologie cellulaire, l’idée d’un « axe intestin-cerveau » s’est imposée comme un champ de recherche central. La notion de perméabilité intestinale (« leaky gut ») est une des pierres angulaires de ce paradigme.

Le concept de perméabilité intestinale renvoie à l’idée que les jonctions serrées (tight junctions) entre les cellules épithéliales intestinales peuvent se relâcher ou dysfonctionner, laissant passer des molécules, des endotoxines, ou des fragments bactériens dans la circulation. Ce phénomène est désormais étudié dans de nombreux contextes : troubles digestifs, maladies métaboliques, inflammations chroniques, mais aussi dans le domaine de la neuro-psychiatrie et de la neurodivergence (autisme, TDAH, troubles du spectre, etc.).

L’« effet de mode » autour de la notion de « leaky gut » auprès du grand public est réel. De nombreux articles, influenceurs et compléments alimentaires exploitent cette thématique, parfois de façon excessive ou non fondée. Il est donc d’autant plus important de revenir aux données scientifiques rigoureuses. Le propos de cet article est de relier la glutamine — un acide aminé bien documenté — à la perméabilité intestinale dans les contextes de neurodivergence.

Fondements biologiques : la glutamine, carburant de l’intestin et gardienne de la barrière

La glutamine est l’un des acides aminés libres les plus abondants dans le plasma et les tissus. Elle est dite « conditionnellement indispensable » dans les états de stress métabolique (traumatismes, infections, etc.). Son rôle dans l’entretien de la muqueuse intestinale est bien documenté.

Sur les plans cellulaires et moléculaires, plusieurs mécanismes relient la glutamine à la perméabilité intestinale :

  • Dans des lignées cellulaires (ex. Caco-2), la privation de glutamine diminue l’expression des protéines de jonction (claudine-1, occludine, ZO-1) et accroît la perméabilité. En revanche, l’ajout de glutamine restaure l’intégrité des jonctions et réduit le flux paracellulaire. 
  • La glutamine module des voies de signalisation importantes. En freinant l’activation de la voie PI3K/Akt, en stimulant l’AMPK ou d’autres kinases intracellulaires, elle favorise la phosphorylation appropriée des protéines de jonction. 
  • Elle possède des effets anti-inflammatoires : en limitant l’activation du NF-κB, en réduisant la libération de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-6, IL-8) et en stabilisant l’inhibiteur IκB dans des modèles cellulaires intestinaux. 
  • Dans des situations de blessure intestinale (par exemple après chirurgie abdominale), les essais randomisés montrent que la supplémentation en glutamine diminue le rapport lactulose/mannitol (marqueur de perméabilité), le niveau d’endotoxines, de diamine oxydase et de marqueurs inflammatoires comme le CRP, TNF-α ou IL-6. 
  • Une méta-analyse récente (2024) montre que, dans les essais cliniques, une supplémentation en glutamine supérieure à 30 mg/j pendant une durée de plusieurs jours peut réduire significativement la perméabilité intestinale. 
  • Cependant, toutes les études ne montrent pas un effet favorable. Dans un essai contrôlé, une dose aiguë de glutamine (0,3 g/kg) avant un stress thermique chez des sportifs n’a pas modifié la perméabilité ou les marqueurs de dommage épithélial (I-FABP). 

Ces résultats suggèrent que l’effet de la glutamine dépend de la dose, du contexte (stress, inflammation, dysbiose) et de la durée d’administration.

Neurodivergence : vers un lien plausible entre intestin, inflammation et cerveau

La notion de « neurodivergence » regroupe des conditions telles que le trouble du spectre de l’autisme (TSA), l’attention-déficit/hyperactivité (TDAH), et d’autres profils neurologiques atypiques. Ces conditions sont complexes, d’origine multifactorielle (génétique, environnement, immunité, microbiote, etc.).

Les liens possibles entre perméabilité intestinale, inflammation systémique et neurodivergence reposent sur plusieurs observations :

  • La microbiote intestinale dans les troubles neurodéveloppementaux montre souvent des altérations. Des études rapportent une diminution relative des Firmicutes et une augmentation des Bacteroidetes chez les personnes avec autisme ou TDAH. 
  • La rupture partielle de la barrière intestinale peut permettre le passage d’endotoxines (LPS bactérien) ou d’autres molécules inflammatoires dans la circulation, induisant une inflammation systémique de bas grade. Cette inflammation peut à son tour perturber la barrière hémato-encéphalique (BBB), activer la microglie, et altérer la fonction neuronale. 
  • Certaines études relient des niveaux accrus de zonuline (régulateur des jonctions serrées) à des symptômes de TDAH, suggérant une corrélation entre perméabilité intestinale et traits comportementaux.
  • Le concept de l’axe intestin-cerveau est désormais bien documenté. Les métabolites microbiens, les médiateurs immunitaires et neurologiques (courts acides gras, tryptophane, GABA, sérotonine) interagissent avec le système nerveux entérique et central. 
  • Chez les modèles animaux et chez l’humain, certaines interventions (probiotiques, modulation alimentaire, substrats nutritionnels comme la glutamine) visant à renforcer la barrière intestinale montrent des effets favorables sur les comportements ou les symptômes neurologiques associés.

Ainsi, dans le cadre de la glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence, on peut postuler un rôle modulateur de la glutamine sur la barrière intestinale. On réduit ainsi l’inflammation systémique et limitant les effets nocifs sur la fonction cérébrale dans les profils neurodivergents.

Connections métaboliques : obésité, diabète, hypertension, cancer, grossesse, sport, enfants

Au-delà du lien avec la neurodivergence, la relation entre perméabilité intestinale, glutamine et pathologies métaboliques est un champ de recherche croissant :

  • Une perméabilité intestinale accrue favorise la translocation de lipopolysaccharides (LPS) dans le sang, induisant une inflammation chronique de bas grade. Cette inflammation systémique est un facteur reconnu dans le développement de l’obésité, de la résistance à l’insuline et du diabète de type 2.
  • Chez les patients obèses, on observe fréquemment des perturbations de la microbiote, une dysbiose, et des marqueurs de perméabilité accrue (zonuline, ratio lactulose/mannitol).
  • L’inflammation chronique liée à la perméabilité intestinale est aussi impliquée dans l’athérosclérose et les maladies cardiovasculaires, via l’activation du système immunitaire inné, le stress oxydatif et la production de cytokines pro-athérogènes.
  • Des études suggèrent que dans certains cancers, le microenvironnement inflammatoire (y compris sous l’influence de molécules issues de la barrière intestinale) peut favoriser la promotion tumorale.
  • En période de grossesse, une altération de l’intégrité intestinale (chez la mère) pourrait influencer l’activation immunitaire, le métabolisme et même la programmation fœtale — bien que les données soient encore limitées.
  • Chez les sportifs, le stress physique intense, la déshydratation, le choc mécanique (vibrations), l’ischémie intestinale transitoire induisent une perméabilité accrue. Dans ce contexte, la supplémentation en glutamine a été testée, avec des résultats mitigés selon la dose et le type de stress. 
  • Chez les enfants, une barrière intestinale immature ou perturbée peut exposer à des risques plus élevés d’inflammation chronique, de sensibilisation immunitaire, voire de développement de troubles métaboliques à l’âge adulte.

Ainsi, la modulation de la perméabilité intestinale par la glutamine peut être un levier commun (direct ou indirect) dans de multiples affections qui coexistent fréquemment avec les profils neurodivergents.

Données cliniques, limites et controverses

Le corps de preuves autour de la glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence est encore à ses débuts. Les principales observations et contraintes à retenir :

  • Beaucoup d’études sur la glutamine concernent des contextes critiques (traumatismes, chirurgie, nutrition parentérale) plutôt que des populations neurodivergentes saines. 
  • La méta-analyse récente suggère un effet positif de la glutamine sur la perméabilité intestinale. Mais l’hétérogénéité des doses, des durées, des populations et des biomarqueurs est forte. 
  • Un essai chez des sportifs soumis à un stress thermique n’a pas montré d’effet significatif sur la perméabilité ou l’intégrité de l’épithélium avec une dose modeste de glutamine. 
  • Il n’y a pas encore d’essais randomisés robustes sur des personnes avec autisme, TDAH ou autres troubles neurodéveloppementaux évaluant l’impact de la glutamine sur la perméabilité intestinale ou sur les symptômes neurologiques.
  • Il faut rester prudent avec l’idée de « panacée » . La glutamine est un outil potentiel, mais elle ne remplace pas l’approche globale (alimentation, microbiote, gestion du stress, etc.).
  • Le dosage, la forme (glutamine libre, dipeptide, association à d’autres nutriments), la durée, l’état de santé initial (inflammation, dysbiose, etc.) sont autant de variables à standardiser dans les futurs essais.

Malgré ces limites, le concept est prometteur. Positionner des approches personnalisées — avec des biomarqueurs de perméabilité — pourrait ouvrir des voies en micronutrition appliquée aux profils neurodivergents.

Pourquoi consulter un nutritionniste à Luxembourg (ou en téléconsultation) approche personnalisée en micronutrition

Dans le contexte de la glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence, un accompagnement spécialisé est essentiel. Un nutritionniste qualifié peut :

  • Évaluer le statut nutritionnel global (protéines, apports en acides aminés, carences, déséquilibres)
  • Interpréter les biomarqueurs de perméabilité intestinale (zonuline, I-FABP, lactulose/mannitol, etc.)
  • Proposer des ajustements alimentaires ciblés (sources de glutamine, qualité des protéines, fibres, prébiotiques, polyphénols)
  • Surveiller les effets et affiner la posologie — en particulier dans les populations fragiles (enfants, femmes enceintes, sujets avec comorbidités)
  • Superviser la prise de compléments ou substrats (si jugés pertinents) dans un cadre scientifique, sans excès
  • Intégrer la démarche dans une vision holistique (microbiote, sommeil, stress, activité)

C’est dans ce cadre que Pascal Nottinger, nutritionniste au Luxembourg, se positionne en référence locale. Titulaire de diplômes en micronutrition et fort d’une expertise en nutrition clinique appliquée, il œuvre avec rigueur et humilité pour offrir un accompagnement individualisé. Que ce soit en consultation de cabinet au Luxembourg ou par téléconsultation, il est en mesure de proposer une démarche intégrée autour de la glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence, parmi d’autres leviers.

Conclusion

« Glutamine et perméabilité intestinale dans la neurodivergence » n’est pas seulement une expression accrocheuse. Elle synthétise un champ émergent de recherche à la croisée de la nutrition, de la gastroentérologie et de la neurobiologie. La glutamine occupe une place centrale dans le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale, via ses effets sur les jonctions serrées, la modulation de l’inflammation et l’interaction avec le microbiote. Si des preuves solides existent dans des contextes de stress métabolique (chirurgie, traumatismes), l’application aux contextes neurodivergents reste encore exploratoire.

Pour les personnes intéressées par cette approche — en tant que patient, parent ou praticien — la consultation avec un nutritionniste spécialisé en micronutrition est un point de départ indispensable. En faisant appel à une expertise scientifique et personnalisée, notamment au Luxembourg ou via téléconsultation, on avance vers des interventions éclairées, mesurées et potentiellement bénéfiques.


Références scientifiques et études citées (10+)

  1. Achamrah et al. « Glutamine and the regulation of intestinal permeability », revue expérimentale et clinique sur le rôle de la glutamine dans les jonctions serrées et la perméabilité.
  2. Abbasi et al., méta-analyse 2024 démontrant une réduction significative de la perméabilité intestinale avec supplémentation en glutamine.
  3. Étude sur les effets de la glutamine dans un contexte critique (entéral) montrant une diminution de la perméabilité.
  4. L-Glutamine supplementation reduces gastrointestinal permeability, étude expérimentale bovine.
  5. Frontiers Nutrition, « Glutamine Supplementation Enhances the Effects … », sur l’IBS et la perméabilité intestinale.
  6. Spandidos Publicat., Shu et al., méta-analyse dans le contexte de la chirurgie abdominale (CRP, TNF, ratio lactulose/mannitol).
  7. Étude sur glutamine et jonctions serrées : cellules Caco-2, modulation de claudine/occludine/ZO-1.
  8. Étude nuls : supplémentation orale faible dose de glutamine avant stress thermique n’a pas modifié la perméabilité (I-FABP, ratio).
  9. Caputi et al., revue systématique sur microbiote intestinale dans l’autisme / TDAH.
  10. Al-Ayadhi, biomarkers de leaky gut (zonuline, I-FABP) et association potentielle aux troubles neurologiques.
  11. Étude MDPI sur glutamine dans l’intestin et implications (signalisation, jonctions, inflammation).
  12. Étude MDPI / Młynarska sur l’axe microbiote-cerveau et perméabilité de la barrière hémato-encéphalique.