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Pascal Nottinger

LE BLOG

Coenzyme Q10 et fonctionnement énergétique neuronal 

17 Déc, 2025 | Non classé

Coenzyme Q10 et fonctionnement énergétique neuronal : l’allié oublié de l’énergie cérébrale

Une brève histoire de la coenzyme Q10 dans notre civilisation

L’histoire de la Coenzyme Q10 (coenzyme Q10, ou CoQ10) remonte à la seconde moitié du XXᵉ siècle, quand elle fut identifiée comme un composant clé de la chaîne respiratoire dans les mitochondries — la découverte de la phosphorylation oxydative avait valu le prix Nobel de chimie à Peter Mitchell en 1978. (On appelle d’ailleurs parfois les molécules de la famille CoQ des ubiquinones, du fait de leur large présence dans la nature.)

Mais dans les temps anciens, bien sûr, personne ne connaissait ce nom — ce que l’on voyait, ce sont les symptômes de fatigue, de déclin neurologique ou de conditions cardiaques, sans savoir quel « carburant cellulaire » manquait. Ce n’est qu’avec la biologie moléculaire et la bioénergétique modernes que les chercheurs ont compris l’importance de la CoQ10 dans la production d’ATP et la protection antioxydante.

Au fil des décennies, la CoQ10 est progressivement sortie du domaine strictement biochimique pour devenir un sujet d’intérêt clinique — d’abord en cardiologie, puis en neurologie, en métabolisme et enfin dans la micronutrition grand public, souvent sous forme de compléments alimentaires ou d’« effet de mode santé ».

Aujourd’hui, le grand public entend de plus en plus parler de la CoQ10 comme d’un « booster mitochondrial » ou d’un « complément pour l’énergie cérébrale ». Cependant, cette notoriété relative est récente, parfois portée par le marketing, et souvent sans distinction entre les preuves solides et les promesses non vérifiées. Il est donc utile de faire une mise au point rigoureuse, en particulier pour les patients qui envisagent une consultation avec un nutritionniste au Luxembourg ou via téléconsultation.

Rôle fondamental de la CoQ10 dans le fonctionnement énergétique neuronal

Le contexte mitochondrial neuronal

Les neurones sont parmi les cellules les plus exigeantes en énergie de l’organisme. Pour maintenir les potentiels de membrane, synthétiser des neurotransmetteurs et activer les processus de plasticité synaptique, ils dépendent fortement de la phosphorylation oxydative mitochondriale. La CoQ10 occupe une place centrale dans cette chaîne : elle transfert des électrons des complexes I et II vers le complexe III dans la membrane mitochondriale interne, participant ainsi à l’établissement du gradient de protons nécessaire à la synthèse d’ATP. (Cette fonction est bien documentée dans la littérature biochimique)

Au-delà de ce rôle de « transporteur d’électrons », la CoQ10 joue aussi un rôle d’antioxydant intramitochondrial, en neutralisant les radicaux libres générés par la respiration cellulaire, ce qui protège les lipides mitochondriaux, l’ADN mitochondrial et les protéines contre les dommages oxydatifs.

Plusieurs travaux montrent que dans le système nerveux (cerveau, moelle), la concentration de CoQ10 décline avec l’âge, ce qui pourrait contribuer au dysfonctionnement mitochondrial neuronal et à la vulnérabilité aux maladies neurodégénératives. (Voir notamment l’article « Coenzyme Q10, Ageing and the Nervous System ») 

L’administration exogène de CoQ10 peut augmenter les niveaux mitochondriaux cérébraux, comme dans une étude de 1998 sur souris où l’augmentation cérébrale de CoQ10 a été associée à des effets neuroprotecteurs dans un modèle de SLA (sclérose latérale amyotrophique) . D’autres revues plus récentes soulignent comment la CoQ10 contribue à la protection des neurones dans divers contextes pathologiques (stress oxydatif, maladies neurodégénératives) .

Effets neuronaux démontrés : neuroprotection, plasticité, fonction motrice

Une étude de 2023 montre que chez des souris d’âge moyen, la supplémentation en CoQ10 (formule nanométrique solubilisée) améliore la fonction motrice en restaurant la respiration mitochondriale cérébrale et en augmentant l’amplitude des potentiels postsynaptiques excitateurs dans le cortex moteur, suggérant une meilleure efficacité de la plasticité synaptique . En d’autres mots, la CoQ10 pourrait restaurer des « réserves énergétiques » synaptiques en déclin lié à l’âge.

Dans plusieurs modèles expérimentaux de maladies neurodégénératives (Parkinson, Huntington, Alzheimer, etc.), la CoQ10 a été testée pour contrecarrer le stress oxydatif mitochondrial et préserver la viabilité neuronale, souvent avec des résultats positifs en termes de survie neuronale ou de ralentissement de la progression. (Cf. revue “Neuroprotective effects of coenzyme Q10” et “Coenzyme Q10 and Neurological Diseases”) 

Dans certaines pathologies neurologiques (ex. la maladie de Huntington), des défauts énergétiques cérébraux peuvent être atténués par la CoQ10 ou des molécules apparentées (créatine, nicotinamide) dans des modèles expérimentaux .

Ces observations plaident pour un rôle de CoQ10 dans le fonctionnement énergétique neuronal, tant pour le cerveau sain que dans des conditions pathologiques, mais il est essentiel de rester prudent quant à la transposition clinique chez l’humain.

Liens entre CoQ10, métabolisme et pathologies systémiques

La relation entre CoQ10 et le métabolisme général est complexe. Certaines études suggèrent que la CoQ10 pourrait moduler le stress oxydatif, l’inflammation et le métabolisme lipidique, ce qui ouvre des liens potentiels avec le surpoids, l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et même les cancers.

Surpoids, obésité et désordres mitochondriaux

L’obésité est souvent associée à une dysfonction mitochondriale — notamment dans le tissu adipeux, le foie et les muscles — avec une production excessive d’espèces réactives de l’oxygène (ROS). Une revue (MDPI) sur Coenzyme Q10 et obésité discute le fait que la biosynthèse de CoQ10 peut être altérée en situation d’obésité, que les niveaux de CoQ10 oxydée/réduite peuvent être déséquilibrés, et que la supplémentation pourrait aider à corriger ce déséquilibre métabolique .

Une autre étude sur le tissu omental humain a montré que les femmes ayant une faible concentration de CoQ10 réduite (forme active) dans le tissu ommental avaient une plus grande adiposité abdominale, des adipocytes hypertrophiés, un taux élevé d’IL-6 et de CRP circulantes, et plus d’insulino-résistance. Cela suggère que la CoQ10 locale dans le tissu adipeux joue un rôle sur le métabolisme lipidique et l’inflammation adipeuse.

Des essais cliniques montrent aussi que la supplémentation en CoQ10 améliore le profil glucolipidique et la fonction des adipokines chez des patients dyslipidémiques après 24 semaines, avec une modulation via l’adiponectine .

Cependant, une méta-analyse (2019) n’a pas montré d’effet significatif du CoQ10 sur les indices anthropométriques (poids, IMC) chez l’adulte , et un autre travail indique que les résultats concernant l’impact sur le poids sont mitigés .

Maladies cardiovasculaires et pression artérielle

La CoQ10 est très étudiée en cardiologie, en particulier dans l’insuffisance cardiaque chronique. L’étude Q-Symbio (dans le contexte de cardiopathie) a mis en évidence un bénéfice de la CoQ10 (3 × 100 mg/j) sur la mortalité cardiovasculaire et les événements majeurs chez les patients en insuffisance cardiaque. Également, l’essai KiSel-10 (CoQ10 + sélénium) a montré une réduction de la mortalité cardiovasculaire chez des patients âgés en bonne santé sur plusieurs années.

Quant à la pression artérielle, les résultats des études sont contradictoires : certaines montrent un léger effet antihypertenseur, d’autres aucun effet net. Il est plausible que chez des individus à stress oxydatif élevé ou déficit mitochondrial, la CoQ10 puisse favoriser une meilleure fonction endothéliale et donc moduler la tension, mais ce n’est pas encore clairement démontré.

Diabète, résistance à l’insuline, métabolisme glucidique

Quelques essais cliniques suggèrent que la supplémentation en CoQ10 peut améliorer la sensibilité à l’insuline ou diminuer la résistance à l’insuline, notamment dans le contexte du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Une étude du Journal of Metabolism rapporte que l’intervention par CoQ10 favorise des effets bénéfiques sur les principaux marqueurs métaboliques et hormonaux associés à l’obésité et au SOPK .

Globalement, la CoQ10 pourrait agir via la diminution du stress oxydatif, l’amélioration de la fonction mitochondriale, et la modulation des voies de signalisation métabolique, mais les preuves restent encore modestes.

Cancer et stress oxydatif mitochondrial

Le rôle de la CoQ10 dans le cancer est encore largement hypothétique. On peut théoriquement envisager que par sa fonction antioxydante et par la stabilisation de la fonction mitochondriale, la CoQ10 pourrait limiter les dommages oxydatifs induisant des mutations, ou soutenir les mitochondries cellulaires afin de prévenir les altérations métaboliques. Mais à ce jour, les données cliniques l’étayant chez l’humain sont très faibles.

Femmes enceintes et développement fœtal

La période de la grossesse impose de fortes contraintes énergétiques, tant chez la mère que chez le fœtus. Un bon état mitochondrial maternal est important. Il existe des cas rapportés de déficiences génétiques en CoQ10 provoquant des pathologies neurologiques précoces chez l’enfant, et une administration précoce a permis une amélioration motrice (un cas d’enfant « qui remarchait » grâce à ce traitement) (référence d’actualité). Cela souligne que, dans des contextes pathologiques rares, la CoQ10 est essentielle pour le développement moteur neuronal. Toutefois, pour une supplémentation générale en grossesse, les preuves manquent. La prudence domine tant que les études d’innocuité à grande échelle ne sont pas disponibles.

Sportifs, enfants, performance cognitive

Chez les sportifs, l’intérêt de la CoQ10 serait d’améliorer la capacité mitochondriale, limiter le stress oxydatif, retarder la fatigue et soutenir la récupération. Une méta-analyse montre que la CoQ10 est efficace pour réduire les symptômes de fatigue dans divers contextes (pas uniquement sportif) . Cependant, les essais en sport de haut niveau sont encore peu nombreux.

Chez les enfants en bonne santé, on manque de données solides. Mais dans les troubles mitochondriaux pédiatriques, la CoQ10 (ou ses analogues) est déjà un élément thérapeutique connu. On peut donc envisager qu’un bon statut mitochondrial — et donc une CoQ10 suffisante — aide au développement neuronal optimal.

Analyse critique : entre promesses et limites

Bien que les mécanismes biologiques soient convaincants et que de nombreuses études expérimentales ou cliniques suggèrent des bénéfices, plusieurs points doivent tempérer l’enthousiasme :

  • Le déficit mitochondrial basal ou le stress oxydatif élevé semble être une condition préalable pour que la supplémentation en CoQ10 soit réellement bénéfique. Chez des individus sans déficit mitochondrial, l’« effet plafond » est probable.
  • La biodisponibilité de la CoQ10 (forme ubiquinone vs ubiquinol, formulation lipidique, nanoparticules, excipients) varie fortement, ce qui rend difficile la comparaison entre études.
  • Les essais cliniques humains restent souvent de petite taille, de courte durée, avec des populations hétérogènes, limitant la généralisation. Les résultats sur les lipides, la pression artérielle, le poids sont souvent contradictoires ou modestes. (Par exemple, la méta-analyse sur les profils lipidiques montre un effet prometteur, mais sans réduction claire du LDL ou des triglycérides dans toutes les études) 
  • Le coût, les interactions médicamenteuses (par exemple avec les anticoagulants, médicaments hypoglycémiants) et les effets secondaires — bien que rares — doivent être pris en compte.
  • Le marketing grand public a parfois survalorisé la CoQ10 — en la présentant comme miraculeuse pour l’énergie, la cognition, etc. — sans distinguer les niveaux de preuve.

C’est dans ce contexte que la consultation en micronutrition, avec un nutritionniste au Luxembourg compétent, est pertinente pour évaluer le besoin individuel, la posologie, la forme et les risques.

Pourquoi consulter un nutritionniste au Luxembourg, et en téléconsultation, pour envisager l’usage de CoQ10 ?

L’optimisation du statut en CoQ10 ne se réduit pas à prescrire un supplément : elle doit s’intégrer dans une prise en charge globale (alimentation, statut antioxydant, bilan mitochondrial, statut micro-nutritionnel, interactions médicamenteuses…). Un nutritionniste à Luxembourg expérimenté en micronutrition (comme Pascal Nottinger) est équipé pour :

  • évaluer les marqueurs biologiques pertinents (lipides, stress oxydatif, fonction mitochondrial)
  • distinguer les situations où la CoQ10 est très utile (déficits, pathologies liées) des cas où elle pourrait être inutile
  • choisir la forme la plus adaptée (ubiquinone, ubiquinol, formulation à absorption optimisée)
  • adapter la posologie selon l’âge, le statut métabolique, les médicaments en cours
  • suivre les effets sur le plan clinique et biologique, avec réajustement
  • proposer la téléconsultation pour les patients résidant hors du Luxembourg ou préfèrant le suivi à distance

L’objectif est d’intégrer la CoQ10 dans une stratégie nutritionnelle personnalisée, sans en faire une « pilule magique ».

Quelques anecdotes et réflexions légères

Un chercheur me racontait qu’un de ses patients, passionné d’énigmes, appelait la CoQ10 « le fusible énergétique du cerveau » — une image naïve mais qui rappelle que sans ce « fusible », la production d’énergie neuronale peut vaciller. (Ne vous inquiétez pas : il n’a pas suggéré de brancher la CoQ10 sur une prise électrique, mais cela a fait sourire l’équipe de recherche.)

Autre anecdote : dans un congrès, un orateur a dit que « la CoQ10 est la petite voiture de service des mitochondries » — modeste mais essentielle — ce qui illustre bien le fait que ce n’est pas une « supercar », mais un rouage discret et vital.

Conclusion

La Coenzyme Q10 et fonctionnement énergétique neuronal est une thématique fascinante à l’interface de la bioénergétique, de la neurologie et de la nutrition. Son rôle moléculaire dans la production d’ATP et la protection antioxydante la rend un candidat crédible pour soutenir la santé neuronale, surtout en contexte de stress mitochondrial, de pathologie ou de vieillissement.

Les liens suggérés entre CoQ10 et obésité, maladies cardiovasculaires, diabète, grossesse ou performance sont prometteurs mais encore partiels. Le défi est de distinguer ce qui relève de l’effet de mode de ce qui est soutenu par des preuves robustes.

Pour un patient au Luxembourg ou ailleurs, la consultation avec un nutritionniste spécialisé en micronutrition (comme Pascal Nottinger, reconnu pour ses diplômes et son expérience) est la voie la plus sûre pour personnaliser une stratégie intégrée. Que ce soit en cabinet au Luxembourg ou par téléconsultation, ce type de suivi permet de décider si la CoQ10 a un intérêt dans votre cas, dans quelle forme, à quel dosage, et dans quel contexte nutritionnel global.

Si vous souhaitez explorer cela de manière personnalisée, je vous invite à prendre rendez-vous pour un bilan micro-nutritionnel, afin d’évaluer votre statut mitochondrial, vos besoins et une éventuelle supplémentation.


Références principales (≥ 10 études)

The Effect of Coenzyme Q10 Supplementation on Insulin Resistance (Metabolism journal).

Mantle D, et al. Coenzyme Q10, Ageing and the Nervous System, 2021.

Bagheri S, et al. Neuroprotective effects of coenzyme Q10 (revue).

Inoue R, Miura M, Yanai S, Nishimune H. Coenzyme Q10 supplementation improves motor function … (2023).

Matthews RT, et al. Coenzyme Q10 administration increases brain mitochondrial concentrations (1998).

Kašparová S, et al. Effect of coenzyme Q10 and vitamin E on brain energy (2006).

Omental adipocyte hypertrophy relates to coenzyme Q10 redox state, JLR.

Coenzyme Q10 supplementation improves adipokine profile in dyslipidemic patients.

Effects of Coenzyme Q10 on metabolic and ovarian disruptions (2025).

The Effects of Coenzyme Q10 Supplementation on Lipid Profiles (méta-analyse).

Coenzyme Q10 and Obesity: An Overview (MDPI).

Coenzyme Q10 supplementation – In ageing and disease (revue).

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